Monsieur le Président, cher Frank-Walter,
Chère Madame, chère Elke,
Madame la Présidente du Bundestag,
Monsieur le Chancelier fédéral, cher Olaf,
Madame la Présidente du Bundesrat,
Monsieur le Président de la Cour constitutionnelle fédérale,
Madame la Chancelière, chère Angela,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités.
Merci, cher Frank, pour le formidable accueil que tu nous as réservé aujourd'hui, à mon épouse et à moi-même, qui nous touche profondément et à travers nous, tout notre pays.
C'est un grand honneur et une joie toute particulière de nous trouver parmi vous dans ce château de Bellevue.
Dans le discours que tu viens de donner et à plusieurs reprises, tu as fait écho entre ces mots qui ne se traduisent pas tout à fait, mais disent quelque chose de la complexité des relations et du chais, à s'entendre, il y a comme en écho le nom même de ce château : Bellevue. Un nom français pour un château allemand où le Président fédéral accueille le Président français. Existe-t-il plus beau symbole des liens qui unissent nos pays ?
Je mesure l'honneur qui nous est fait, cher Frank-Walter, en m'invitant cet après-midi à la clôture des célébrations organisées pour le 75e anniversaire de votre Constitution, la Grundgesetz. Nous y avons ressenti tout à l'heure, ensemble, la vitalité de nos démocraties à travers les témoignages précieux de femmes et d'hommes qui y contribuent, de nos jeunesses aussi. Nous y avons ressenti de manière sensible l'amitié entre l'Allemagne et la France, qui est d'abord une amitié entre des peuples, faite d'échanges, de circulations, de partenariats économiques, de coopérations culturelles, de dialogues croisés.
Cette amitié franco-allemande se révèle également, Monsieur le Président, dans la richesse de ces échanges et se transmet au travers des liens qui unissent notre jeunesse qui incarne à la fois continuité et renouvellement de notre amitié.
Que de chemin accompli depuis ce choix historique et courageux du Président de Gaulle et du chancelier Adenauer de bâtir un chemin de réconciliation et de regarder l'avenir pour cette génération qui avait fait la guerre. Pour les jeunes Français, l'Allemagne n'est pas seulement das Land der Dichter und der Denker, mais c'est également das Land der DJs und der Mannschaft, le vivier, en effet, des meilleures boîtes de nuits électro, des artistes les plus pointus, des plus redoutables joueurs de football d'Europe - aux côtés bien sûr des Bleus. Et de Cannes à la Berlinale, du théâtre de l'Odéon à la Schaubühne, du Stade de France à l'Allianz Arena, nous ne cessons de vibrer ensemble, de croiser nos spectateurs, nos goûts, nos idées, nos acteurs, nos metteurs en scène, nos joueurs.
Je pense aussi en évoquant ces liens à celui, exceptionnel, qui nous unit grâce aux formidables succès d'Arte qui montrent dans ce domaine aussi que lorsque l'Allemagne et la France décident de faire ensemble, elles sont une force d'entraînement pour toute l'Europe. C'est pour cela que je suis convaincu qu'Arte peut devenir la plateforme audiovisuelle de référence, la plateforme de tous les Européens. Parce que je pense que la coopération franco-allemande en la matière est féconde, qu'elle peut permettre de promouvoir la richesse de notre patrimoine culturel européen, l'apprentissage des langues européennes et qu'ensemble nous avons décidé, Allemagne et France, de promouvoir une étape nouvelle pour Arte et d'en faire en quelque sorte cette plateforme en demandant aux Européens d'aider à ces coproductions nouvelles.
Enfin, cet été - vous l'avez dit Monsieur le Président - sera marqué par le sport. Nous, Français, n'avons en effet pas manqué de remarquer cette délicate attention allemande qui consiste à avoir programmé la finale de l'euro le jour même de notre fête nationale, le 14 juillet. Nous espérons bien avoir deux fêtes à célébrer ce jour-là. À peine douze jours plus tard, le 26 juillet, ce sera au tour de Paris d'être à la fête avec la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques, puis des Jeux Paralympiques.
Au-delà du sport, cette année 2024 est importante dans notre histoire commune, car elle sera marquée par de nombreuses commémorations des événements qui se sont déroulés, en particulier en 1944. Nous nous retrouverons avec le chancelier Olaf Scholz en Normandie pour le 80e anniversaire du débarquement, puis avec le président Frank-Walter Steinmeier à Oradour-sur-Glane, le 10 juin, pour commémorer le massacre qu'il y a eu lieu.
Monsieur le Président, si ce lien franco-allemand a traversé le XXe siècle, s'il en est ressorti renforcé, nous savons désormais qu'il est à l'épreuve de tout sauf de l'habitude, sauf de l'indifférence, qui sont au fond plus insidieuses parfois que l'hostilité même. Aussi, nous devons chérir la conscience de ces affinités à part, comme il en exista rarement entre deux peuples si proches et pourtant si différents, cultiver cette convergence unique entre deux anciens rivaux, désormais alliés, ces frères ennemis nés du même empereur Charlemagne, changés en Républiques, soeurs par les douleurs et les grandeurs de l'Histoire.
Je forme le voeu que cette visite d'État permette d'ouvrir un nouveau chapitre de notre amitié, comme le traité d'Aix-la-Chapelle que nous avons signé ensemble il y a 5 ans, qui nous avait donné un cadre rénové de nos échanges. Vous l'aviez dit peu après l'agression russe en Ukraine. Nous vivons une Epochenbruch, Zeitenwende, selon les termes du chancelier.
Il est clair aujourd'hui que nous ne pouvons retrouver la maîtrise de nos destins qu'en conjuguant nos forces et en agissant ensemble pour l'Europe. Et je sais que l'Allemagne et la France peuvent mettre en commun leurs forces au service d'une ambition nouvelle pour l'Europe, comme nous l'avons fait par exemple lors de la pandémie en 2020 dans un accord franco-allemand inédit qui précéda de quelques semaines un accord européen qui l'était tout autant, comme nous l'avons fait en 2022, dès le début de la guerre d'agression pour affirmer sa souveraineté, pour renforcer sa sécurité face au retour de la guerre sur notre continent, pour réinvestir dans sa croissance, pour innover davantage, pour réussir le défi climatique, pour porter les valeurs démocratiques et nos cultures qui font le socle de notre appartenance européenne. Oui, l'ambition commune de l'Allemagne et de la France sont décisives. Sur chacun de ces grands défis qui se posent à chacun de nous et à l'Europe, la Fra nce et l'Allemagne doivent montrer la voie.
Goethe disait, me semble-t-il, «Kunst und Wein dienen der Annäherung der Völker». Ce n'est pas ce dîner magnifique qui prouvera le contraire. Ce n'est surtout pas nous, Français, qui allons le contredire. Mais l'exemple de nos deux pays nous fait comprendre plus encore l'importance de l'histoire et de la volonté qui l'écrivent chaque jour, quelle que soit leur position, quelle que soit leur mission.
Les défis sont immenses, mais le sentiment qui nous unit et que je sens déjà dans cette salle, est le même pour dire que les différences et les mots intraduisibles que tu as pris dans ton discours et auxquels je veux ici répondre de manière plus improvisée, disent exactement la chance de notre amitié. Madame de Staël, de l'Allemagne, a fait un très beau texte pour parler de votre pays, mais dans des textes plus intimes elle expliquait que quand elle cherchait certains mots d'amour, certains noms pour dire sa sensibilité, elle allait les chercher en allemand. C'était avec Benjamin Constant, un autre grand esprit européen.
Mais ceci dit, de ce cheminement qui fait que dans nos intraduisibles, il y a une partie de cette histoire d'amitié et d'amour, c'est ce que je veux pour nous. Nous irons chercher dans nos mots l'un, l'autre, ce qui nous permettra d'inventer notre avenir.
Permettez-moi donc, avec mon épouse, de lever à notre tour notre verre au rapprochement de nos peuples et à ceux qui le servent.
Lieber Herr Bundespräsident, lieber Frank-Walter,
Noch einmal ganz herzlichen Dank für den wunderbaren Empfang sowie für das besonders reichhaltige und eindrucksvolle Programm, das Sie uns bereitet haben.
Vive l'amitié franco-allemande ! Es lebe die deutsch-französische Freundschaft ! ./.
(Source : site Internet de la présidence de la République)